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10 septembre: journée mondiale de prévention du suicide

News
07.09.2020
Une personne sur deux a pensé au suicide, et vous? Notre cerveau peut nous envoyer le message que seul le suicide mettra fin à tous nos problèmes. En Suisse, chaque jour deux à trois personnes décèdent d’un suicide selon l’Observatoire Suisse de la Santé (OBSAN). Ces chiffres ne concernent pas le suicide assisté.

Un proche vous parle de ses pensées suicidaires, cela vous laisse peut-être sans voix ou vous craignez de ne pas avoir les compétences pour lui répondre. Parlez avec elle ou lui, demandez lui comment vous pouvez l’accompagner dans ce moment difficile, proposez-lui de se confier à son médecin traitant ou un service d’urgence, de téléphoner à La Main Tendue au 143 (tchat ou mail sur www.143.ch/fr). Pour les jeunes, le 147 répond également H24. En cas d’urgence vitale, l’ambulance au 144 ou la police au 117.

En ce jour, nous pouvons repasser le film d’une personne proche partie précocement par suicide. Ces drames nous laissent un profond sentiment d’impuissance, les bras ballants et une foule de pourquoi restés sans réponses.

Être témoin d’un suicide est une terrible expérience « de vie », à l’instar des conducteurs de train. Cette vision et les sons associés peuvent s’ancrer en nous de manière durable et nécessiter un accompagnement.

On peut peut-être aussi se remémorer des pensées suicidaires qui, durant une période, ont envahi notre quotidien, à toute heure et de manière furtive. Remonter la pente ne fut pas simple. Par chance, on est toujours là, parfois fragile. La vie a offert de nouvelles opportunités ou des beaux moments partagés, les soucis sont devenus gérables ou appartiennent au passé. Réapprendre à se faire confiance, parfois millimètre par millimètre, n’est pas chose aisée. Chaque jour permet d’écrire une nouvelle page et de prendre un nouveau départ ou d’accepter ce qui est. Les épreuves de la vie sont bien souvent des révélateurs de ce fil qui nous relie à nos ressources personnelles, corde d’alpinisme ou fil de soie par endroit.

Depuis plus de 10 ans, 143.ch – La Main Tendue est présente au Paléo Festival à Nyon pour informer le public de son offre. Je garde un souvenir très vif d’une dame, un peu gênée, qui contournait notre stand. Je lui ai souris, mon regard lui disait, ce sourire est pour vous. Après hésitation, elle s’est finalement approchée, a respiré un bon coup puis, troublée elle me dit « Si je n’avais pas appelé le 143, je ne serais pas à Paléo aujourd’hui ». Ce fut mon tour d’être émue, heureuse pour elle et les bénévoles qui se relaient H24 au 143 pour offrir une écoute bienveillante, confidentielle et anonyme. Au cours de cet appel, elle a ressenti que la répondante n’hésitait pas à la rejoindre « tout au fond du trou ».

La Main Tendue a ouvert son premier poste d’écoute à Zurich en 1957. Les cantons ou les régions suivirent au gré des volontés locales, couvrant petit à petit tout le territoire suisse et le Lichtenstein avec 12 postes d’écoute. Bien que le thème du suicide ait été la première motivation pour ouvrir des lignes d’écoute, bien vite, il s’est avéré indispensable de devenir généraliste pour toutes les problématiques existentielles, offrant ainsi une meilleure prévention pour le suicide. Service à bas seuil, chacun possédant un téléphone, gratuit et disponible 24h/7 jours, le 143.ch est rapidement devenu le premier service d’aide en Suisse. Idéalement, les appelants qui ont des soucis à caractère non urgent devraient attendre le jour pour appeler le 143, laissant ainsi toute la disponibilité pour accueillir les appels d’urgence.

Chaque poste de La Main Tendue est indépendant financièrement et doit assurer sa pérennité grâce aux dons et aux subventions (variables d’une région à l’autre, environ 50% du budget pour le canton de Vaud). De nouveaux répondants sont recrutés chaque année, puis formés pendant environ neuf mois. Par la suite, les bénévoles sont actifs près de 25 heures par mois pour de l’écoute et de la formation continue. Un bénévolat passionnant qui donne du sens et des compétences approfondies, suffisamment motivant pour que les collaborateurs demeurent en moyenne près de huit ans au service de l’association.

En Suisse et au Lichtenstein, les pensées suicidaires sont évoquées au 143.ch au gré des 250’000 appels annuels. De 2015 à 2019, le nombre d’appels ayant pour thème le suicide est passé de 2’600 à 4’700 par année, alors que le nombre de suicides a diminué. On ne peut que se féliciter que les personnes prennent de plus en plus leur courage à deux mains pour faire appel à 143.ch ou online sur www.143.ch/fr pour demander de l’aide.